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zalandeau3
4 avril 2023

Mon Indochine

GSM

Écrit le 17 février 2009
 
Nous marchions sur le trottoir de la rue Catinat. Il faisait très chaud. Les semelles de crêpe de nos souliers collaient sur le sol brulant. L’homme qui me tenait la main était aussi bronzé que j’étais pâlot… Il s’appelait Henri… Ce qui me frappait, c’est qu’il n’était pas habillé entièrement de blanc, comme les autres européens, ni comme les Vietnamiens plutôt culottés de noir… A part sa chemisette blanche, tout était à l’avenant : Short beige, chaussettes de couleur et chaussures noires… J’étais très content de me promener avec cet homme dans cette rue de Saïgon. Ce n'était pas n’importe qui, c’était mon Papa…
 
J’avais passé ces derniers mois à l’hôpital pour vaincre ce ver qu’on disait solitaire puis ensuite la dysenterie, la jambe suspendue en l’air, avec un petit tuyau ou je voyais couler le liquide transparent, goutte à goutte… Bien sur, ma Maman et mon Papa venaient me voir le matin, le soir et toute la coupure consacrée à la sieste, qu’ils me consacraient…
Je n’étais encore pas sorti en ville depuis notre arrivée dans ce pays si chaud… J’étais si content de donner la main à mon Papa. Il me parlait. Je ne sais plus ce qu’il me disait, mais j’écoutais et il me rassurait.
 
Nous nous dirigions vers la cathédrale après avoir déambulé dans le boulevard Charner…
Avisant un marchand ambulant, il m’offrit une glace que je ne mis guère de temps à laper, tant j’étais assoiffé…
Nous avions à peine repris notre chemin qu’un photographe nous prit en photo. Papa mit le ticket dans sa poche…
Notre séjour dans la cathédrale me parut très court, lorsqu’il fallu ressortir dans la chaleur étouffante de la rue Catinat… 
 
Nous retournâmes sur le quai du commerce, où nous attendait la moto de Papa. Nous fîmes un crochet pour prendre Maman à la sortie de son Bureau, qui me couvrit de gros bisous et me donna un bonbon au citron. Bien calé entre mon Papa (dont j’entourais la taille de mes bras) et ma Maman, nous reprîmes alors la route de Cholon pour rentrer à la maison.
 
Ce soir là, j’étais très fatigué et je ne mis pas longtemps à m’endormir dans les bisous de mes parents…
 
Cela se passait en 1954...
      

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